à mi – juin aux foins coupés
qu' il fait bon dans nos vallées
qu' il fait bon dans nos vallées
à mi – juin aux foins coupés
quelques unes et quelques uns
pouvons au goût de chacun
nous baigner nus en Méouge
dans sa boue comm' dans une auge
au – delà de l' ancien pont
qui menait à Séderon
s' enlacer au Saut du Moine
où coule fier Calavon
qui tantôt devient Coulon
presqu' une vallée toscane
y façonner notre couche
éviter le tendre ubac
en fuyant guêpes et mouches
qui soiffent à l'onde opaque
qu' il fait chaud dans nos vallées
à mi – juin aux foins coupés
à mi – juin aux foins coupés
qu' il fait chaud dans nos vallées
affronter ronces flétries
glisser sur galets gelés
à l' à pein' neige partie
y remonter le Drac Noir
par nu – pied et nuit tombée
jusqu' où pissent les glaciers
ne pas attendre le soir
se gourmander à merveille
abandonner les promesses
de framboise ou groseille
à l'ombre qui nous caresse
s' écorcher lèvres à deux
aux paroles d' amoureux
se réchauffer d' enroulades
une bringue de brassades
qu' il fait vrai dans nos vallées
à mi – juin aux foins coupés
à mi – juin aux foins coupés
qu' il fait vrai dans nos vallées
surveiller du coin de l' œil
qui passe dans nos sentiers
jonchés d' herbes et de feuilles
où de très antiques dieux
ressuscitent le passé
le genre plutôt vieux jeu
ils jalousent nos élans
ne sont pas conciliants
y braconnent nos mémoires
déclenchent des éboulis
dès qu'ils froncent les sourcils
ils nous cherchent des histoires
sont pas très jolis jolis
ils voudraient qu' à foins coupés
il fass' gris dans nos vallées
pourtant baigner enlacer
affronter abandonner
écorcher se gourmander
attendre se réchauffer
qu' il fait bon les conjuguer
les verbes dans nos vallées
à mi – juin aux foins coupés
à mi – juin aux foins coupés
les verbes dans nos vallées
qu' il fait bon les conjuguer
aux trois tonneaux, Saint – Bonnet – en Champsaur, août 1988